L’autisme est un syndrome clinique dont la description si caractéristique a participé à la fondation de la psychiatrie de l’enfant. Pourtant, il reste le syndrome de tous les mystères et de toutes les controverses. L’une d’elles concerne l’âge auquel le diagnostic d’autisme peut-être porté précocement. Nous en discuterons les implications selon plusieurs axes : les données de l’épidémiologie en population générale et en population à risque ; le point de vue des parents quant au repérage précoce et leur parcours de soins pour arriver en France à un diagnostic ; l’étude des interactions parent–enfant à partir de films familiaux. Nous montrerons qu’un retard de développement et des troubles précoces de la communication et des comportements sociaux ne suffisent pas à circonscrire le risque d’autisme en termes de trajectoire précoce avant un an ; qu’un changement de paradigme semble fécond dans les recherches les plus récentes, à savoir tenir compte de la qualité de l’interaction en termes de synchronie et de réciprocité, et également d’engagement émotionnel. Enfin, nous soulignerons les importants progrès conduits en France pour abaisser l’âge du rendu diagnostique ces 20 dernières années.

Autism is a clinical syndrome that has contributed to the foundation of child psychiatry following Kanner's characteristic description. Yet, 60 years later, it remains a topic of unresolved issues and of many controversies, including the reliable age for early diagnostic. In this paper, we explore this issue by distinguishing: available data from epidemiologic studies in general population samples and at-risk samples; the view from parents regarding early diagnosis as well as the way they receive it in clinical practice in France; what was found in studies on early infant–caregiver interaction in home movies. We will show that a delay in developmental milestones and impairments in early social interaction or communication during the first 18 months are not sufficient to predict a later diagnosis of autism. This has led to a change of paradigm in the recent studies that consider now the quality of early interaction in terms of synchrony and reciprocity as well as emotional engagement. Lastly, we point recent efforts made in France to change clinical practice and offer an earlier diagnosis formulation to parents.